Or, voilà la question que nous entendons le plus souvent sur les marchés : « Qu’est-ce qu’un miel Bio ? Tous les miels ne sont-ils pas Bio par nature ? » L’occasion est trop belle de profiter de ce site pour éclaircir un peu les choses…Et d’abord : non, ami(e) visiteur(euse) tous les miels ne sont pas Bio !
Nous ne reprendrons pas ici tous les points du cahier des charges de l’apiculture biologique, points qui sont contrôlés une ou deux fois par an par un organisme dédié (Qualisud dans notre cas). Pour information, un résumé est consultable ici, par exemple.
Mais, d’une façon générale, nous noterons que les exigences de ce cahier des charges touchent à deux domaines :
La qualité supposée du nectar récolté par les abeilles tout d’abord.
« Le rucher est situé de telle façon que, dans un rayon de 3km autour de son emplacement, les sources de nectar et de pollen soient constituées essentiellement de cultures produites selon les règles de l’agriculture biologique et/ou d’une flore spontanée (…) ». Concrètement, le label Bio certifie donc que le miel est récolté avant tout sur une flore sauvage ou sur des cultures certifiées Bio (et donc pas sur des champs de colza ou de tournesol abondamment traités), et cette exigence est contrôlée sur carte, sur registres d’élevage et de production, et enfin sur sites (3 ruchers contrôlés in situ lors de notre dernier contrôle). Un miel dit « conventionnel » peut tout à fait être récolté sur fleurs sauvages, mais rien ne certifie qu’il le soit.
Photos : Epilobe en épis, framboisier et bruyère sauvages à proximité de notre rucher de Badet.
Les pratiques de l’apiculteur d’autre part : et bien oui, cela compte aussi !
Les abeilles sont comme les vaches ou les brebis: elles ont des maladies... Et elles sont d'autant plus sensibles aux maladies (et aux modifications diverses de l'environnement) que leur système immunitaire est, dans l'ensemble, beaucoup plus archaïque et "limité" que celui des mammifères, et même que celui de la plupart des autres insectes: pas de globules blancs, pas d'anticorps. Dès lors, l'apiculteur n'a d'autre choix que de les soigner... Et, ici aussi, les pratiques diffèrent!
Un miel Bio, tout d’abord, est un miel qui est produit sans usage d’antibiotiques, au contraire de nombreux miels conventionnels qui le sont en utilisant un antibiotique appelé tétracycline. Cet antibiotique est utilisé en traitement curatif mais aussi préventif (systématique dans certains pays comme l’Espagne) pour neutraliser une maladie du couvain des abeilles: la loque (dite "européenne" ou "américaine" suivant les cas)… Petit détail non négligeable : la tétracycline est aussi photo-sensibilisante pour les humains, contre-indiquée dans les cas d’insuffisance rénale et contre-indiquée également chez les femmes enceintes (risques hépatiques). La tétracycline a bénéficié pendant longtemps d'un vide juridique lui permettant d'être utilisée en France. Ce n'est plus le cas aujourd'hui... Mais certaines pratiques ont la vie dure (voir étude plus bas).
Un miel Bio, ensuite, est produit sans usage de produits chimiques, là ou la quasi-totalité des miels conventionnels le sont au moyen d’un produit pesticide et acaricide appelé amitraze (fiches wikipedia en français et en anglais), utilisé pour protéger les abeilles contre un acarien au nom évocateur : Varroa destructor. Là où le bât blesse, c’est que l’amitraze et ses métabolites s’accumulent dans les cires des ruches et que leur effet sur les mammifères – et notamment sur l’homme – n’est certainement pas négligeable. Il a déjà été prouvé que l’amitraze est neurotoxique à très faible dose pour l’homme, et des tests menés sur petits mammifères ont également montré un effet cancérigène (pour les anglophones, voir notamment ce résumé de l’Agence américaine de protection de l’environnement ici). Petit détail significatif : en France, l’amitraze est purement et simplement interdite pour les traitements sur plantes et fortement déconseillée par les autorités sanitaires pour les traitements sur chats et chevaux, en raison justement de sa toxicité. En Suisse, elle est même interdite pour tous les traitements... y compris pour les traitements sur abeilles. Pourquoi reste-t-elle autorisée pour les traitements sur ruches en France, me direz-vous? Et bien, parce qu'elle est simplissime à utiliser et aussi très efficace... au contraire (malheureusement) de tous les traitements alternatifs autorisés en Bio.
Au final, les faits sont là : sans être systématiquement indemnes de pesticides (car chacun sait que les abeilles butinent les fleurs qui leur chantent), les miels Bio sont en moyenne beaucoup moins touchés par ceux-ci que les miels dits « conventionnels ».
Une étude intéressante
Nous vous renvoyons ici à une étude déjà ancienne (2011) publiée par 60 millions de consommateurs, étude portant sur 76 miels Bio et non Bio.
Résultat : il est apparu que les miels Bio étudiés n’étaient pas tous indemnes de pesticides (seuls 7 sur 10 l’étaient), mais que :
Résumé des résultats disponible ici. Le détail n'est hélas plus accessible sur Internet mais nous pouvons vous le transmettre sur simple demande.
À vous de vous faire votre propre opinion!
Les pratiques de la Miellerie d'Aure
Pour tout savoir sur les intrants que nous utilisons dans nos ruches, c'est ici. Pour tout savoir sur les analyses effectuées sur nos miels, c'est ici. De nombreuses informations sur notre façon de pratiquer l'apiculture (conduite des ruches, nourrissements, etc.) sont par ailleurs disponibles sur l'onglet de présentation de la Miellerie.